Kogis, le Chemin des Pierres qui Parlent

Résumé du livre

En 2018, trois sages du peuple Kogis (deux Mamas et une Saga), originaires de Colombie, sont invités dans le Haut-Diois (Drôme, France) pour réaliser un diagnostic territorial croisé avec une vingtaine de scientifiques français.

L’idée est de confronter deux visions du territoire — celle des Kogis, fondée sur des savoirs ancestraux, un rapport spirituel et sensible à la nature, aux roches, à l’eau, au vivant — et celle plus “moderne / scientifique”, pour voir où elles convergent, où elles diffèrent, et ce que chacun peut apprendre de l’autre.

Les Kogis considèrent le territoire comme un corps vivant, avec des circulations (de l’eau, de l’énergie), des points particuliers (comme des points d’“acupuncture”), et une interconnexion entre le visible et l’invisible. Ils parlent notamment du rôle des pierres, des roches — pas seulement comme matériaux ou éléments du paysage, mais comme éléments porteurs de mémoire, de relations énergétiques, d’équilibres écologiques.

Quelques citations de l’auteur, Eric Julien

« Engager un dialogue avec les sociétés “autochtones”, dont font partie les Kogis … ce n’est donc pas juste rencontrer des “autres”, c’est retrouver les voies de la réconciliation avec une partie de nous-mêmes que nous avons perdue. C’est “rentrer à la maison” et retrouver l’unité du vivant en nous et autour de nous. »

«  Accepter de dialoguer avec les Kogis, c’est oser se positionner aux marges de ns rĂ©fĂ©rentiels scientifiques et conceptuels classiques. Et comme le rappellent Guy Parmentier et BĂ©rangère Szostak de l’universitĂ© de Grenoble, c’est toujours des marges que surgissent les plus grandes innovations. Â»

« Il est toujours intĂ©ressant de noter Ă  quel points ceux et celles qui se rĂ©clament de la rigueur scientifique perdent leur capacitĂ© de discernement, voire sont capables de rĂ©actions les plus irrationnelles face Ă  des phĂ©nomènes ou des pratiques qui interrogent leurs croyances et leurs certitudes. Â»

« Voir au-delĂ  des apparences. Dans l’esprit des Mamas kogis, il ne s’agit nullement d’une mĂ©taphore, mais bien d’une rĂ©alitĂ©. Percevoir l’invisible qui fonde, oriente et structure les phĂ©nomènes visibles. […] Nombre de grands sages, philosophes, poetes, parmi lesquels Charles Baudelaire, ont souvent Ă©voquĂ© cette vision du monde : «  La matière n’est qu’apparence, le spirituel demeure la rĂ©alitĂ© profonde et cachĂ©e. Â» Â»

Mon point de vue

A l’heure de la prise de conscience mondiale de l’impact nĂ©gatif de notre paradis contemporain très artificiel et fort illusoire, ce livre sur la rencontre avec les Kogis nous  ramène Ă  un besoin de retrouver un paradis naturel. Remettre la nature au cĹ“ur de notre vie, au cĹ“ur de nos pensĂ©es, au cĹ“ur de nos projections et crĂ©ations. Changer notre façon d’apprĂ©hender le monde tout en gardant notre maĂ®trise de l’artifice. N’est-ce pas le challenge actuel ? Nos sociĂ©tĂ©s dites civilisĂ©es se sont tellement engagĂ©es dans l’illusion et l’artifice qu’elles en ont oubliĂ© leurs savoirs naturels. La planète a tout Ă  gagner de ce partage des connaissances entre les diffĂ©rents peuples et leurs savoirs.

Des enseignements naturopathiques :

Question d’énergie vitale

Lorsqu’on apprĂ©hende les choses sous l’angle sensible, en se basant sur nos ressentis plus que sur notre rĂ©flexion, nous allons dans le sens de la circulation de cette force de vie, pour plus de fluiditĂ© et d’harmonie. Cette Ă©nergie vitale, sans nom mais omniprĂ©sente chez les Kogis, est chère aux naturopathes qui parlent de force vitale. On retrouve l’équivalent dans les traditions chinoises avec le Qi, Ki au Japon avec le Ki, Prâna en Inde, Lung au Tibet,  Mana en PolynĂ©sie, Anima en Rome antique…. Quasi toutes les traditions parlent d’un souffle, d’un flux, d’une circulation. Cette Ă©nergie estĂ  la fois individuelle et cosmique : elle traverse le corps, mais elle est aussi prĂ©sente dans la nature, les astres, les Ă©lĂ©ments. Elle est renforcĂ©e ou bloquĂ©e par nos comportements.

Notre rapport au monde

  • Notre rapport Ă  l’eau.

La très controversĂ©e question de la mĂ©moire de l’eau est remise Ă  l’ordre du jour par les Kogis, qui Ă©coutent au quotidien ce l’eau leur raconte. Quand l’eau arrive chez nous, elle aurait en mĂ©moire le traumatisme de des processus chimiques et physiques qui ont permis de la rendre « potable Â». MĂŞme chose pour l’eau en bouteille. Au-delĂ  de cette thĂ©orie, nous savons aujourd’hui que l’eau est notre bien le plus prĂ©cieux pour notre survie. Elle constitue entre 50 et 70% de notre poids corporel. En prendre soin, la prĂ©server, bien choisir son eau de boisson… Ă  commencer par le première geste de la journĂ©e : boire un verre d’eau purifiĂ©e.

  • Notre rapport aux Ă©lĂ©ments terrestres.

Nous pouvons considĂ©rer les Ă©lĂ©ments comme des ĂŞtres vivants. Par exemple, voir une rivière, un ruisseau, non pas comme une “ressource en eau” mais comme une entitĂ© qui nous  relie Ă  notre territoire, qui a sa mĂ©moire, son rĂ´le. Ça change la manière dont nous  la respectons ou l’utilisons. Prendre soin des “pierres qui parlent”, passer du temps Ă  observer des pierres, des montagnes qui nous entourent, ressentir ce qu’elles Ă©voquent pour nous. Ça peut sembler symbolique, mais ça reconnecte Ă  une attention fine au lieu. Nous pouvons aussi ritualiser certains gestes : boire de l’eau en conscience, remercier une source, un arbre, la terre avant de jardiner… Ce sont des micro-rituels qui renforcent le lien avec le vivant.

  • Notre rapport au territoire.

Observer son lieu de vie comme un corps vivant : OĂą circule l’eau ? OĂą ça bloque ? OĂą sont les points “malades” ? C’est une manière intuitive mais puissante de diagnostiquer un territoire. Et peut-ĂŞtre d’agir Ă  son humble niveau, en soignant  plutĂ´t qu’exploiter (replanter de l’endĂ©mique, nettoyer, restaurer des sols, protĂ©ger un espace naturel….). Relier visible et invisible : au-delĂ  des donnĂ©es mesurables (qualitĂ© de l’air, biodiversitĂ©), nous pouvons aussi observer le ressenti des habitants : santĂ©, sensations, harmonie, tensions ?

  • Notre rapport Ă  l’autre.

Valoriser les savoirs différents en partant de l’idée qu’aucun savoir n’a “toute la vérité”. Mettre en avant des points de vue variés, même si certains paraissent moins rationnels ou moins “experts”. Créer des espaces de dialogue où des gens de cultures, métiers, ou sensibilités différentes confrontent leurs visions d’un même problème.

Prendre le temps de l’écoute

Avant de prendre des dĂ©cisions, ne serait-il pas intĂ©ressant de prendre un temps d’observation, d’écouter de son environnement, son corps, de regarder les petits signes extĂ©rieurs, d’être attentif ou attentive aux synchronicitĂ©s, chères Ă  Carl Gustav Jung, de ralentir…. avant de passer Ă  l’action ?

Chacun de nous peut à son échelle avoir un rôle sur ce mouvement pour redevenir sensibles. Dans sa vie quotidienne, dans ses projets, dans les enseignements que nous laissons à nos enfants, nos petits-enfants, dans l’exemple que nous donnons autour de nous. Prendre soin de soi, de son corps et de l’énergie vitale qu’il abrite, comme un point d’acupuncture pour tout ce qui nous entoure. Prendre soin de soi pour prendre soin du monde.

Je remercie tout particulièrement mon amie Vanina qui m’a offert ce livre à l’ouverture de mon cabinet de naturopathe. A heart made of seashells on sandy Dutch beach, symbolizes love.