La biochimie du poids
Les hormones sont des messagers de l’organisme. Elles véhiculent une information. Trois hormones jouent un rôle essentiel dans la gestion de la faim et de la satiété.

- La leptine, sécrétée par nos cellules adipeuses, informe notre cerveau que l’on a assez mangé. Tant que notre cerveau voit la leptine, tout va bien. S’il ne la voit pas, il considère cela comme de la famine.
- La ghréline, sécrétée par les cellules du tube digestif. Elle déclenche le signal de la faim.
- L’insuline sécrétée par notre pancréas, dit deux choses contradictoires :
- à nos cellules adipeuses : « stockez l’énergie »
- à notre cerveau : « arrête tout, je n’ai pas besoin de plus », elle fait donc partie du signal de la satiété.
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Tordons le cou aux fausses croyances !
- Gourmandise et fainéantise ? Selon le Dr Robert Lustig, endocrinologue américain, l’obésité serait en grande partie expliquée par un dérèglement des hormones, en lien avec la qualité de produits de l’agro-industrie. Arrêtons de culpabiliser et regardons plutôt comment agir face aux vrais coupables.
- Le gras dans l’alimentation. Longtemps accusé de tous les méfaits et chassé de nos assiettes avec la mode du 0%, le gras est essentiel à la vie, notamment sous forme d’acides gras insaturés. Les omégas 3 spécifiquement jouent un rôle dans la sécrétion de la leptine, l’hormone de la satiété.
- Régime restrictifs et métabolisme basal. Au-delà du stress occasionné par les régimes restrictifs, il est important de les regarder sous l’angle du métabolisme basal. Un métabolisme basal élevé est typique des personnes qui brûlent des calories sans rien faire. En donnant une information de « famine » à notre organisme, les régimes restrictifs sur plusieurs semaines diminuent notre métabolisme basal (énergie utilisée pour les fonctions vitales de l’organisme). Après le régime, quand nous réintroduisons une ration « normale », le corps ne s’adapte pas aussi facilement et peut rester des années sur le métabolisme basal du mode « famine ». Tout ce qui dépasse sera stocké sous forme de graisse ! Nous stockons donc plus après, qu’avant le régime restrictif. L’effet yoyo !
- Être gros et en pleine forme. Le problème de l’obésité n’en est pas vraiment un dès lors que l’on se sent bien dans son corps et que tous les voyants biologiques sont au vert. 20% des personnes obèses ont un bon métabolisme. Mettons de côté les canons de beauté qui changent sans cesse, selon les époques, les cultures et les modes. Le surpoids ne définit ni la valeur, ni la beauté. Repensons notre façon de regarder l’autre et de se regarder, faisons la paix avec notre apparence… tout un programme !

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Ne pas confondre
- faim / envie de manger : La faim répond à un besoin physiologique qui s’intensifie petit à petit et qui s’accompagne d’un manque d’énergie. Manger un aliment soutenant suffit à la calmer. L’envie de manger, elle, nous surprend soudainement, dans notre tête essentiellement et elle s’attache à un aliment ou un type d’aliment spécifique qui nous apportera du plaisir. Elle n’est pas calmée par un autre aliment même soutenant.
- graisse viscĂ©rale / graisse sous-cutanĂ©e : La graisse stockĂ©e autour de nos organes, et notamment celle stockĂ©e dans notre foie, n’est pas de la bonne graisse, c’est ce que l’on appelle de la graisse viscĂ©rale. Elle est la principale source de cytokines pro-inflammatoires. Elle ne doit pas ĂŞtre confondue avec la graisse sous-cutanĂ©e qui, elle, est une bonne chose en soi. En effet, le tissu adipeux sous-cutanĂ© est en fait protecteur. C’est lui principalement qui sĂ©crète la leptine, et aussi l’adinopectine (molĂ©cule impliquĂ©e dans l’utilisation du glucose par les muscles). Ce tissu nous apporterait mĂŞme la longĂ©vitĂ©.
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Ethiologie du surpoids.
Au-delà des problématiques génétiques qui peuvent exister et restent marginales, chercher la cause du surpoids pathologique et de l’obésité, largement répandus dans nos sociétés, revient peut-être à faire le focus sur deux problématiques du monde moderne : le sucre et le stress.
- Le sucre
En jouant sur la production de dopamine, le sucre crée de la dépendance.
Manger du sucre déclenche la sécrétion d’insuline. L’insuline bloque la signalisation de la leptine en agissant sur les mêmes neurones du cerveau. Le cerveau sans leptine est en mode « famine ». L’insuline en excès augmente aussi la sécrétion de la ghréline l’hormone de la faim.
Notre alimentation actuelle, trop riche en sucres, provoque des taux élevés d’insuline en permanence. Nous libérons le double, voire le triple de la quantité d’insuline que nous ne le faisions il y a 35 ans. Le sucre est présent partout dans les aliments transformés sous 262 appellations différentes.
De plus en plus d’études se penchent sur le fructose en particulier. Il est délétère pour notre santé, au même titre que l’alcool. Il est irritant pour les intestins, et une fois dans le sang, contrairement aux autres sucres, il va en totalité au foie qui fait ce qu’il peut pour le gérer : stockage sous forme de graisse, production de radicaux libres, augmentation de la résistance à l’insuline (et donc demande accrue d’insuline et fatigue du pancréas)… C’est pourtant le fructose que l’on va retrouver dans de nombreux plats transformés, souvent sous forme de sirop de maïs ou de jus de fruits concentrés. Il faut aussi rappeler qu’il constitue à 50% notre sucre de table.
- Le stress et le manque de sommeil.

Le stress chronique augmente le cortisol, hormone qui favorise le stockage des graisses, surtout au niveau abdominal. Le cortisol stimule aussi l’envie de manger en augmentant la sécrétion de ghréline. Le besoin de plaisirs rapides, par un besoin de dopamine pousse à consommer des aliments sucrés.
Le stress perturbe aussi le sommeil, ce qui influence négativement l’équilibre des hormones de la faim (ghréline et leptine). Même sans excès alimentaire, un stress prolongé peut ralentir le métabolisme et favoriser la prise de graisse.
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Comment agir ?
Le retour à un taux d’insuline normal est une priorité absolue. Cela passe bien sûr, au niveau de l’alimentation, par une très forte limitation du sucre, une alimentation la plus naturelle possible. Apprendre à lire les étiquettes pour traquer les sucres cachés ! Même dans les magasins bio.
La consommation de fruits est à questionner, même si les fibres qu’ils contiennent permettent de limiter l’absorption du fructose.

La gestion des émotions et un sommeil de qualité sont aussi importants à privilégier. Trouver les outils qui vous correspondent pour gérer le stress devient urgent dans nos sociétés.
Au-delà du sucre, équilibrer son alimentation pour avoir les nutriments nécessaires au bon fonctionnement biochimique du corps, pratiquer une activité physique adaptée, faire la paix avec son corps… La gestion du poids s’aborde de façon globale.
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